Découverte de son corps

Une application pour partir à la découverte de son corps – Apprendre à sentir et à bouger son corps pour développer sa motricité volontaire

Phase 2

Type de projet : Prototype

Handicap concerné : Polyhandicap, Tétraparésie spastique, Infirmité motrice cérébrale, Retard global du développement

Thématiques : Développement de la motricité volontaire, Développement de l’enfant, Construction du sujet, Bien-être physique et psychique, Qualité de vie

Statut : Terminé

Ce projet  propose une application novatrice afin de permettre aux enfants lourdement handicapés sur le plan moteur à mieux comprendre et contrôler leurs mouvements. Pour y arriver, nous substituons la proprioception que la tétraparésie spastique tend à rendre inopérante et dysfonctionnelle, par de nouvelles informations visuelles racontant le corps et la qualité des contractions musculaires.   

Ce projet s’inscrit en continuité de la recherche exploratoire soutenue par la FRH. Il porte sur l’accompagnement d’enfants souffrant de tétraparésie spastique, soit la forme la plus grave d’infirmité cérébrale. La sévérité de leur handicap les rend prisonniers d’un corps qui leur échappe. L’application vient traduire les contractions musculaires par le déplacement de deux petits chats sur un écran, un pour chaque bras. L’enfant peut ainsi « voir » ses mouvements, comprendre et donner du sens à son corps.

Notre objectif : rendre ce dispositif accessible et généralisable à une plus large population souffrant d’un handicap moteur. Deux enfants ont été retenus pour la différence de leur pathologie, soit hypo- et hypertonique.

Trois paliers progressifs ont été développés afin que l’apprentissage de la motricité soit évolutif. Chaque niveau se centre sur différentes composantes motrices : 1) la motricité volontaire vs spasmes, 2) l’engagement différencié des bras, 3) la force de la contraction. Chaque niveau se subdivise en motricité spontanée puis sur demande. La réussite est valorisée par un spectacle visuel et musical attractif.

La 1ère enfant, déjà suivie, se trouve en pleine exploration du 2ème niveau. Sa motricité est à présent volontaire et spontanément elle différencie bien ses bras. 

Sur demande, cela reste encore difficile. Au quotidien, les progrès sont importants. En classe, c’est à présent elle qui appuie sur son contacteur pour actionner l’enregistrement. Elle parvient même à feinter lorsque l’éducateur tente de le lui enlever pour vite appuyer une seconde fois avec un large sourire. Pour le 2ème enfant, qui nous a rejoint en septembre, nous avons longuement travaillé à trouver la meilleure mise-en-forme posturale pour diminuer sa spasticité. Pour mieux le mettre en confiance, l’apprentissage par un pair a été utilisé en l’invitant à une séance de la 1ère enfant. Il a alors très vite compris comment faire bouger les chats et ses spasmes commencent à diminuer (1er niveau).

Le premier apprentissage est la relativité temporelle du handicap: accompagner ces enfants prend du temps alors que les progrès n’émergent que sur la durée. Et il est fondamental de s’inscrire dans ce rythme si l’on veut donner une chance à la réussite!

Les séances avec la 1ère enfant nous ont confortés dans nos projections. Par contre, le 2ème enfant est venu bousculer nos certitudes! Nous avons dû repenser tout le dispositif afin de diminuer ses réactions en hyperextension. Sa très grande sensibilité tactile associée à la spasticité de ses mouvements nous ont fait douter de la faisabilité, tant les fils s’entremêlaient et les électrodes s’arrachaient.

Cela nous a fait progresser au niveau de nouvelles options pour les mesures que nous allons implémenter (bracelets détecteurs de mouvement, électrodes sans fils). Enfin, nous avons été juste bluffés par la force du social et de l’apprentissage par un pair. Il a suffi que le 2ème enfant comprenne la situation avec la 1ère enfant pour qu’il s’ouvre enfin aux apprentissages.

A notre connaissance, accompagner des enfants souffrant d’un lourd handicap moteur dans le développement de leur motricité volontaire n’a jamais été proposé à travers un tel dispositif technique. Il s’agit là de toucher la dynamique même du développement qui permet de faire émerger la motricité volontaire et, se faisant, de construire leur schéma corporel.

Dans ce sens, notre démarche est particulièrement innovante.

Une fois le dispositif pleinement fonctionnel, nous souhaiterions développer une recherche à plus grande échelle afin de vérifier nos hypothèses qu’offrir un feedback sensoriel (ici visuel et auditif) à des enfants souffrant de polyhandicap vient soutenir le développement de leur motricité volontaire. Une demande est en cours de préparation auprès d’Innosuisse

L'image montre un prototype de l'application. En haut, une fille est assise sur une plage. Il est écrit "repos". En bas, un chat passe devant la fille. Il est écrit "mouvement volontaire".

Contact

HES-SO, HETS-Genève, Filière Psychomotricité

Chantal Junker-Tschopp

chantal.junker-tschopp@hesge.ch

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