
Linguaduc
Imaginez le bureau de construction du Technicum de la Chaux-de-Fonds, durant la pause. Un camarade dont la mère est infirmière dans une clinique de la ville nous raconte qu’un enfant de 11 ans, tétraplégique des suites d’un accident, est dans l’incapacité d’appeler une infirmière par ses propres moyens. L’isolement dans lequel Pascal – sujet à une septicémie – est confiné complique la situation. Devant le problème posé, il vient l’idée à Jean-Claude Gabus de réaliser un appareil en mesure de capter les mouvements de la langue pour les transformer en commandes électriques. L’un ses professeurs, Francis Schwab, lui donne les clefs de son laboratoire afin qu’il puisse réaliser le circuit imprimé du futur appareil. C’est dans sa cave qu’il réalise ce contrôle de l’environnement baptisé «LINGUADUC» (conduire par la langue…).
Il s’agit alors de trouver un partenaire technique et commercial pour envisager le lancement du produit. C’est finalement à Berne que le projet démarre. Jean-Claude Gabus commence le 15 septembre 1972: SIGNALE UND AUTOMATIK AG s’occupera de l’aspect technique, CARBA, spécialisé dans la fabrication de gaz industriels et médicaux, de la diffusion.
Après quelques mois, une version professionnelle du «LINGUADUC» est disponible.Suite à un article de presse décrivant le «LINGUADUC», Jean-Claude Gabus reçoit le téléphone de la mère d’une fillette de 5 ans souffrant d’infirmité motrice cérébrale (IMC). Sur la base de cette conversation téléphonique, ils pensent l’un et l’autre que l’appareil pourrait être utilisé par l’enfant. Il se rend à son domicile à Genève et constate d’emblée que l’incoordination qui caractérise les mouvements de Myriam rend impossible l’utilisation de son appareil. Première et déterminante leçon d’humilité: la technique ne peut pas tout résoudre…N’ayant jamais eu l’occasion de travailler avec des personnes IMC, il propose alors à la maman de Myriam de l’emmener vivre quelques jours chez moi à Berne, ce qu’elle accepte. Il découvre alors mieux les conséquences entraînées par ce handicap. Il est fasciné par l’absence de communication orale qui caractérise les IMC sévèrement atteints. Il s’ensuit une autre rencontre prépondérante, celle de Jacqueline Baillod, enseignante spécialisée à la tête d’une classe d’enfants IMC sévèrement handicapés, à la Chaux-de-Fonds.C’est là que débute vraiment son activité spécialisée dans l’amélioration de la communication des personnes sans langage oral. Jean-Claude Gabus commence par chercher une machine à écrire adaptée et entre en contact avec l’entreprise anglaise POSSUM. Son directeur, Reginal Meiling, a développé des machines, notamment à écrire, pour les personnes souffrant de la thalidomide. C’est à hôpital de Stoke Maindevil que Reginal a effectué ses premiers travaux.